A SPONTOURS JADIS ..... ( 19 CORRÈZE)
Avant la création des grands barrages et des retenues d'eau, la Vallée de la Dordogne était ponctuée de villages et hameaux implantés près d'un point de traversée ou d'un chemin de rive. Bort-les-Orgues et Argentat formaient les deux villes de haute et moyenne Dordogne. La vallée a longtemps profité des activités générées par le flottage du bois et sontransport avant que celles-ci ne déclinent avec l'arrivée du chemin de fer et le développement des routes. Les gabares naviguaient à partir de Vernéjoux, mais le trafic était ancré au village de SPONTOUR où l'on construisait les embarcations. Ce village avait la particularité d'être le point le plus en amont de construction et de départ des gabares sur la Dordogne.
La plus grande partie des bateaux marchands se construisait à Spontour, il y avait aussi Valette, Naugenac et Saint-Projet, localités voisines des forets qui en fournissaient les matériaux.
SPONTOUR tirerait son nom de deux petits ponts en bois sur la Dordogne : " Es Pontours" signifiant en langue Limousine : " Aux petits ponts"; Situé dans la haute vallée de la Dordogne, le village - dont le port figure sur des cartes du XVIIème au débuts du XX ème siècle un port d'embarquement et un centre de chantiers de construction de courpets, gabares, naus ( qui servait de passage de bac), cela faisait vivre toute une population de gabariers ( bateliers) bûcherons, pêcheurs, merrandiers. Le seigneur d'espontours, Juge à Soursac était au début du XVIème siècle un des plus gros négociant de merrains ( planches de chêne ou de châtaignier obtenues par le fendage et qui servaient à faire des tonneaux), de la vallée.
(Spontour jadis début XXème siècle)
Eusèbe Bombal dans son ouvrage " La Haute Dordogne et ses gabariers" raconte : " M.Chamfeuil de Valette, l'un des grands négociants en merrains de la Saintrie, fit construire il y a environ 40 ans à Espontours ( note : E. Bombal a écrit son ouvrage en 1903 il parle donc probablement des années 1863), par des ouvriers de Lalinde et tuilière, un chaland qui au départ, chargé de seize milliers de merrains, arriva sans encombre à Souillac. A ce port il en reçu seize mille autres, qui lui firent une charge de 96 tonneaux, il fut déchargé à Bergerac, où on le nomma " Le Corrèzien". On lui fit faire un service de transport de Bordeaux à Bayonne."
En 1702 on apprend qu'un certain Jean Chabarot prend à descendre du merrain d'Espontours à Bergerac moyennant 36 livres par mille. Du haut pays arrivaient des produits divers tels que : fromages, châtaignes, peaux dont on faisait aussi le négoce, mais le bois et le merrain formaient le principal du commerce avec la carassonne pour le support de la vigne, le charbon de bois et le charbon de terre provenant du Cantal. Saisonnière et descendante, la navigation en gabare ne s'effectuait qu'à l'automne et au printemps, en période de crue ; les eaux étaient considérées selon l'exwpression des gabariers comme " marchandes " ( navigables) quand elles atteignaient 1,50 m à l'échelle du pont d' argentat.
( Au dessus de la vallée de la Dordogne, photo studio plume et eau)
Lors de la réimpression de l'ouvre de E.BOMBAL EN 1981 de l'édition de Tulle de 1903, Henri Soudeille enfant du pays et auteur de nombreux ouvrages sur la rivière Dordogne dont on peut citer " Le Dernier Gabarier", relate l'épopée du dernier bac construit à Spontour et dans la vallée en 1935 . Il s'agissait de la descente de la Dordogne de Spontour à Gintrac ( Lot) près de Carennac pour y livrer une gabare spéciale - un bac de passage ou naus - devant servir aux riverains pour le transport de leurs bestiaux et de leurs récoltes d'une rive à l'autre.
En 1952 la retenue du barrage du Chastang engloutit plusieurs fermes, Eylac, Saint-Jean, Le Chambon, le Roffy, mais épargna Spontour qui reste aujourd'hui le dernier village authentique de la Haute Vallée de la Dordogne. Aujourd'hui il offre des circuits de découverte que ce soit dans le village les anciennes maisons des maitres gabariers que par les circuits de randonnées vers les Gorges de la Dordogne, les barrages et tout particulièrement Le Barrage de " L'Aigle". Autres visites à ne pas manquer : Le Viaduc des Rochers Noirs, la Maison Forestière de Miers ( sur le site de nos amis http://www.xaintrie-passions.com, vous pourrez y lire les récits des habitants qui ont du quitter leur village, derniers témoignages d'une autre époque et très précieux pour se rappeler ce temps là). http://www.tourisme-argentat.com/