LA MANUFACTURE D'ARMES DE BERGERAC EN 1793 …..
LAKANAL, délégué de la Convention Nationale en 1793, durant le court séjour de 10 mois qu'il fit en Dordogne ne ménagea pas ses efforts dans le cadre de ses fonctions ( voir blog Une bibliothèque Nationale éphémère à Bergerac) pour y implanter une manufacture d'armes. En effet la toute jeune République devait faire face à la coalition de l' Europe des rois et il fallait donc armer les citoyens qui devaient la défendre.
Ainsi Lakanal proposa à la Convention la création d'une manufacture d'armes à Bergerac. Il reprit le projet qui avait été initié par les conventionnels Pinet et Tallien et n'avait reçu aucun début d'exécution et décida donc d'implanter au lieu-dit " La Vedelle" sur les bords du Caudeau ( affluent de la Dordogne) se trouvait une ancienne manufacture de cuivre, de plus le lieu était stratégique puisque se trouvant proche de l'armée des Pyrénées- Orientales . Le 24 brumaire an 2 ( 14 novembre 1793) la Convention le chargeait de cette réalisation. Il allait procéder à une levée de fonds indiquant qu'il allait les récupérer : " sur les riches égoïstes ou sans entrailles pour la patrie", il fit donc prélever par les Comités révolutionnaires une taxe de 50.000 livres aux 9 districts. La manufacture de fusils devait s'appeler " Bellarme".
Infatigable Lakanal va alors former des ouvriers de tous corps de métiers : orfèvres, arquebusiers, serruriers, des maîtres canonniers, des monteurs d'armes ou des " baïonnettaires" , il réquisitionne les matériaux de construction, il faut des machines, il pourvoit à leur subsistance en réquisitionnant localement ou en faisant venir l'alimentation d'autres districts et ce malgré une région déjà menacée par la disette, mais moins de six mois après il peut écrire à la Convention : " Je vous envoie les 100 premiers fusils confectionnés". Il finalisera deux autres projets : une usine de fabrication de baïonnettes, de fourreaux et de finition des productions des forges de Dordogne ; la mise en exploitation de salpêtrières, si essentielles à la fabrication de la poudre à canon, qui produisent, dès le 17 avril , 765 livres.
Il faut savoir que Lakanal, avec l'aval du comité de salut public, avait confié la direction de l'usine à trois personnes : un responsable de la comptabilité, un des marchés, de l'approvisionnement et des commandes, un de l'enteretien des machines, des locaux et du personnel. Un conseil de douze ouvriers traitait les dossiers envoyés par l'administration et un secrétaire général tenait le registre des délibérations.
LAKANAL rentre à Paris en 1794, nommés par le directoire, Pelletier, Paganel et Dalaure vont continuer le travail de Lakanal, mais l'usine ne survivra pas à son départ. La paix était revenue avec l' Espagne et la Prusse, , les difficultés"és budgétaires du directoire, l'usine devait être liquidée en 1797, son matériel vendu aux enchères, les bâtiments restés à l'abandon furent démolis par la suite.
En 2006, un particulier avait adressé une demande de renseignement en Mairie de Bergerac, il venait de découvrir un fusil de guerre portant sur sa platine l'inscription " M (anufactu)re N (ationa)le de Bergerac " et demandait des renseignements sur la présence au XVIIIème siècle d'une manufacture d'armes à Bergerac. C'est ainsi, après vérifications, que la ville a fait l'acquisition de cette pièce rare qui peut être vue au Centre d'Interprétation de l' Architecture et du Patrimoine du Bergeraçois, Musée du Vin dt de la Batellerie, où elle figure en bonne place dans une vitrine.
( D'après textes de la Société Historique et Archéologique du Périgord ( S.H.A.P) - Le Bulletin Municipal " Bergerac Infos n° 47 décembre 2006 dont sont extraites lesphotos représentant le plan de la Manufacture et le récepisse du décret de la Convention du 24 brumaire An II, relatif à la création de la manufacture de Bergerac.)