Eloi OUVRARD ( 33 GIRONDE)
Rien ne révèle mieux, l'âme d'un pays, d'une région que ses cimetières. A Beauferier ( Bergerac 24) reposent certaines célébrités mais la seule personne citée dans le guide Beyern des " tombes des hommes célèbres" est Eloi OUVRARD : auteur, compositeur, interprète.
Né à Bordeaux en 1855 et déjà l'âge de 14 ans, les affiches mentionnaient " Ouvrard, le petit prodige bordelais". Puis commencèrent les engagements : Toulouse, Lyon, Marseille ...et à 20 ans Paris !!! Là il créa le style comique troupier et fut le premier artiste autorisé à chanter en uniforme militaire.
Eloi était un " bûcheur". Très rapidement toutes les salles de concert parisiennes l'ont engagé : Concert du XIXème siècle, Eden-Concert, la Scala, Champs-Elysées, Ba-Ta-Clan, Alcazar, Eldorado, Ambassadeurs, Gaité_Rochecouart mais également en province. Il était joué et chanté de partout en France. A Toulouse ce fut un triomphe lorsqu'il créa la chansonnette : Frr-Mi dont le colossal succès nécessita un tirage de 70.000 exemplaires en quelques jours. Naturellement à cette époque, pas de télévision ni de micro, l'artiste ne pouvait compter que sur son gosier. Dans l'un de ses livres Eloi raconte qu'avec son ami et rival Paulus ils effectuèrent une tournée en province, se produisant dans 46 villes en 46 jours ( avec les moyens de transport de l'époque). Alors ce qui devait arriva : arrêt total. Une partie de sa famille habitant Bergerac c'est là qu'il décida en 1889 de tenter de reprendre des forces.
" J'étais si malade que tous ceux qui m'abordaient me considéraient comme perdu. Après 11 mois de repos dès que je pus reprendre mon travail, je ne tardais pas à m'apercevoir qu'en tentant de guérir une maladie je venais d'en contracter une autre ... c'était la nostalgie que j'éprouvais en pensant à ma chère campagne dès que j'arrivais à Paris. Car elle est jolie la campagne en Dordogne ! Quel pays de cocagne ! Quelle fertilité, comme elles sont gaies ces immenses plaines toutes bordées de riants coteaux, produisant des vins dont la générosité est partout réputée. Mais Bergerac n'a pas que ses vins : entourée de petits pays charmants, de contrées giboyeuses, de ruisseaux poissonneux .. Le séjour devient extrêmement agréable et tous ceux qui ont eu l'occasion d'y venir on hâte d'y retourner. "
Ouvrard séjourna à Bergerac d'abord 22 ans - chaque fois que ses obligations le lui permettaient- puis 27 ans à dater de sa retraite jusqu'à son décès en 1939.
Journaliste à Bergerac : chaque semaine il écrivait " Mes impressions" dans le " Journal de Bergerac". Ses articles lui permettaient d'étaler sans contraintes sa bonne verve gauloise, sans épée mais avec sa plume souvent virulente Il ferraillait contre tout et contre tous.
A noter en 1890 la naissance de son fils Gaston qui à son tour deviendra lui aussi un Grand et merveilleux artiste
Avec nos vifs remerciements à Ediith et Jean Apesteguy, auteurs du livre " Les Ouvrard père et Fils" éditions des Collectionneurs Bergeraçois, rue Saint James 24100 BERGERAC, édité en 2010, qui ont bien voulu rédiger la lettre " O" de notre alphabet de la rivière Espérance.